samedi 25 juillet 2015

Politicolémiste : La peine de mort


Un drame, les médias s'en emparent. On parle de viols, d'agressions, de meurtres... "Mais que fait la justice ?" se demande le téléspectateur moyen comme si l'on pouvait définitivement stopper tout crime avant son application, tel le film/livre Minority Report.. Rapidement, monsieur tout le monde prononce son jugement avant le juge, il veut... La peine de mort, l'argument ultime contre l'horreur ! C'est, en réalité, un sujet lourd et bien plus compliqué  que ne le pense ce monsieur...

Ce n'est jamais assez

Lorsque l'on parle de dommage, de violence et d'horreur, il est pratiquement commun d'entendre que la décision de justice n'est jamais suffisante. Toujours trop laxiste, jamais pas assez sévère. Ce serait une justice qui défend toujours mieux le criminel que la victime ! Peu importe le pays dans lequel on vit.
Au-delà de l'imaginaire collectif, la justice n'existe, tout d'abord, pas pour la vengeance ! Elle est là dans un but précis : c'est un moyen pour l'Etat et la société de permettre à l'individu qui a fauté de se racheter aux yeux de la société et de pouvoir se réinsérer. Voilà ce qui est déjà bien différent !
Il est bien souvent difficile de pouvoir débattre d'un tel sujet, tellement il est compliqué de ne pas se retrancher dans ses idées. Et il va s'en dire, lorsque l'on prêche contre la peine de mort, les partisans du "pour" accusent l'opposant d'être en faveur des meurtriers, des violeurs etc... Or, c'est un point de vue extrêmement machinéen, qui, comme souvent dans ce cas de figure, ne correspond pas à la réalité.

C'est une peine inutile 

Au grand dam des amateurs de la "guillotine",  cette peine ne remplit pas son rôle principal, qui est celui d'être dissuasif. Elle n'empêche pas les délits comme elle ne dissuadent pas les criminels de les effectuer : "Au Canada par exemple, le nombre d’assassinats a diminué depuis l’abolition de la peine de mort. Aux Etats-Unis, en revanche, il est plus élevé dans les États qui pratiquent l’exécution capitale que dans ceux qui y ont renoncé." écrit Amnesty International. Et pour aller encore dans ce sens, aux Etats-Unis (encore une fois), des Etats, après l'avoir abolit, l'ont réintroduit dans l'espoir de diminuer la criminalité... "Malheureusement" pour eux, celle-ci n'a eu strictement aucun impact sur les statistiques.
La peine de mort n'offre donc pas une bonne alternative crédible à la prison à vie ou à toute autre forme de peine en terme de dissuasion.

Elle est irrévocable et trop arbitraire

La peine de mort tue, cela va de soit. Elle n'offre pas de deuxième chance, ni la possibilité de revenir en arrière en cas d'erreur judiciaire. Chose qui pose sérieusement problème, sachant que la justice ne peut jamais être sûr à 100% de la culpabilité d'un individu impliqué dans une affaire. Comment peut-on mettre fin à une personne lorsque le système qui la condamne est faillible ?
De plus, les statistiques des pays appliquant encore la peine de mort témoignent d'un autre problème : cette condamnation est appliquée le plus souvent de manière arbitraire ! En effet, elle est bien plus prononcée lorsque l'accusée est pauvre (généralement car il a un avocat commis d'office et ne peut se payer le même qu'une personne aisée qui sera défendu bien plus facilement), issus d'une certaine ethnie ou appartient simplement à une minorité du pays en question. De plus, le plus souvent, elle a pour but de satisfaire de manière extrêmement discutable l'opinion publique et donc, en dehors de l'esprit de justice, un désir de vengeance. Il semble contradictoire de punir un crime par un... autre crime. Un véritable paradoxe meurtrier.

"Que dit la loi ? Tu ne tueras pas ! Comment le dit-elle ? En tuant !"
Victor Hugo

Démocratie et peine de mort

Victor Hugo : un écrivain engagé contre
la peine de mort.
L'immense majorité des pays démocratiques ont abolit la peine de mort. En dehors des Etats-Unis et du Japon (qui la pratiquent de moins en moins), les démocraties n'appliquent plus ce genre de condamnation. Le plus souvent, elle est utilisée par les pays répressifs comme instrument contre leurs opposants.
Il est, de facto, extrêmement discutable qu'un État puisse appliquer ce genre d'exécution autant qu'il est extrêmement néfaste de décider si un individu à le droit vie ou de mort et cela même s'il ne respecte pas ce principe lui-même (la justice n'est pas une vengeance, et donc pas la loi du talion).
De plus, significativement, le droit international encourage la fin de cette peine quand l'Union-Européenne même l'interdit dans l'ensemble de ses États membres. Dans la déclaration universelle des droits humains de 1948, il est précisé : "Article 3 : Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne." ainsi que "Article 5 : Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants." ce qui entre en contradiction avec cette peine.
Dans le monde, 101 États ont complètement aboli la peine de mort, 33 États l'ont aboli en pratique mais pas dans leur législation et seulement 53 États la maintiennent encore. 
Il existe encore un autre argument contre celle-ci, plus subtile. Tandis que la famille des éventuelles victimes est morte de peine et que l'on plaide la peine de mort, il ne faut pas oublier le bourreau. Généralement grand oublié de l'affaire, il n'est pas négligeable de prendre en considération l'effet que son travail à sur sa psychologique. Une tâche ingrate qui ne laisse jamais indifférent celui qui doit la faire. Preuve, certains pays appliquant la peine de mort peinent... tout simplement à trouver le bourreau qui fera le travail sans rechigner... 

Cesare Beccaria : Juriste opposé à la peine capitale.



Si vous voulez approfondir les arguments contre la peine de mort, je vous conseil les livres et les sites suivant :
- Le dernier jour d'un condamné - Victor Hugo
- L'abolition - Robert Badinter
- L'exécution - Robert Badinter
- Les délits et les peines - Cesare Beccaria

http://www.amnesty.fr/Nos-campagnes/Abolition-de-la-peine-de-mort/Presentation/Cinq-idees-recues-sur-la-peine-de-mort-confrontees-aux-faits
http://www.acatfrance.fr/peine-de-mort/12-raisons-contre
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/196026-pourquoi-je-suis-contre-la-peine-de-mort.html
http://www.peinedemort.org/peinedemort.php
http://www.revoltes.org/arguments-contre-la-peine-de-mort.htm




mardi 14 juillet 2015

Hors série : Liberté, Egalité, Fraternité


Nous sommes le 14 juillet, jour de célébration pour la France. Les militaires paradent fièrement dans les rues, les drapeaux tricolores flottent et les feux d'artifices attendent la tombée de la nuit pour nous émerveiller. Mais à quoi devrait-on penser en ce jour ?

Enfant des lumières...


Éclairé par les rayons de l'histoire, par les idéaux révolutionnaires, je ne suis pas pour autant un authentique produit de ce que l'on nomme vulgairement aujourd'hui le « système ». Athée et, quelque part, libre penseur, je ne me présente pas comme un exemple non plus, aussi futile soit-il. Régulièrement indigné, je ne fait qu'adopter l'appel du célèbre Stéphane Hessel, qui nous a rappelé qu'il ne faut jamais oublier de s'indigner !

Aujourd’hui, sous la bannière née de la révolution de 1789, admiratif face aux diverses épreuves qu'a du subir notre partie, n’omettons pas de nous rappeler les valeurs que défend notre république, immortalisée par le visage de notre cher Marianne. Il se murmure que, depuis les coups de fusils qui ont mené à la prise de la bastille, notre nation, ainsi que son État, essaie d'incarner, fièrement, trois mots désormais synonyme de l'idéal français. Souvenez-vous donc d'eux ! Ils sont bien souvent ignoré ! Méprisé ! Mis de coté ! Voire détourné et bafoué ! Des rumeurs disent qu'ils sont encore inscrit sur un monument érigé place de la république à Paris, mais je finis par en douter. Ne seraient-ils finalement pas qu'une symbolique formée par un trio inscrit en toute lettre ?

LIBERTÉ – ÉGALITÉ – FRATERNITÉ.

Depuis que le drapeau tricolore flotte sur notre territoire, que la Marianne s'affiche en égérie, le pays semble briller d'une aura. La France, commémorant aujourd'hui sa fête nationale qui, réjouissons-nous, est regardée par le monde entier, vit par l'inspiration de la philosophie des lumière. Mais les lumières finiraient-elles par s'éteindre ? 
L'air frais soufflé par des penseurs tel que Rousseau, Voltaire, Diderot, Montesquieu ; mais aussi par des personnalités politiques comme Clemenceau, De Gaulle, Jules Ferry, Léon Blum, Jean Jaurès, Simone Veil ; ainsi que des écrivains de renom, Émile Zola, Victor Hugo, Jules Verne, Charles Baudelaire... serait essoufflé ? 
La France, par son histoire, sa devise, sa constitution, sa déclaration des droits de l'homme et du citoyen est une terre où tout un chacun devrait avoir droit de vivre, un lieu où chacun devrait être citoyen engagé et garant des libertés. Seulement, plus le temps passe, et moins nous semblons animé par cette mission. Prenons-nous pour acquis définitif ces valeurs ?

Souvenons-nous aussi, qu'au dépens de certaines idéologies, notre culture s'est basée et construite sur d'autres cultures, sur des savoirs de toutes origines. Il est inimaginable de ne pas penser à la civilisation grecque, romaine et bien d'autres, ainsi qu'aux nombreuses personnalités issus de l'immigration et qui ont participé à l'histoire du pays, tel que Marie Curie, Frédéric Chopin ou encore Guillaume Apollinaire...
N'oublions pas non plus les grandes erreurs commises et qui sont terrible pour un peuple qui s'était porté garant de valeurs universaliste. C'est pour cela que ne nous devons pas oublier la sombre époque de l'esclavage, du colonialisme et autres volontés impérialistes qui ont fait perdre le sens de l'héritage des lumières et de la révolution.

Comment peut-on imaginer, qu'encore à notre époque, alors que des militaires paradent au pas sous une musique qui les rythme et que chacun d'entre nous pense en tricolore sans pour autant être un dangereux nationaliste, que ce qui a construit la nation semble traverser une sombre période ? Comment nous pouvons avoir autant de personnes manifester contre des droits légitimes et parfois, scandant des appels à la haine (cf : le « Jour de colère », certains de la « manif pour tous », « Civitas », « Action Française »...) dans nos rues ? Comment peut-on accepter la monté de l'intégrisme religieux et de l'extrémisme politique ? Comment pouvons-nous tolérer la monté du racisme (peu importe qui il vise, il est intolérable), de l'antisémitisme, des tensions homophobes, des discriminations en tout genre (envers le droit des femmes par exemple avec les menaces contre l'avortement), une volonté de replis et de fermeture d'esprit, ainsi que l'ignorance, l'indifférence et la bêtise ? 

Je sais qu'être Français dans ce bas monde, à bien des égards, est une chance incroyable. Nous avons une sécurité sociale unique au monde, un important dispositif publique avec l'école gratuite et obligatoire, un État providence omniprésent qui, malgré ses difficultés, tente de répondre aux attentes, même si cela ne se voit pas toujours. La France est l'un des pays les plus riche tandis que la pauvreté et la misère courent encore les rues, même en Europe. Nous avons des libertés que beaucoup de pays n'ont pas. Cette année nous a rappelé que le délit de blasphème n'existe pas au pays de la laïcité et permet une liberté d'expression fondamentale. Mais il n'est pas non plus négligeable que la France reste bien défectueuse sur un bon nombre de domaines, ce qui n'en fait pas d'elle ce « boulet » qu'on cherche à nous faire croire...

Le plus essentiel en ce jour, c'est de penser/méditer à ce qui fait l'identité du pays, à ses valeurs qui devraient être défendues par chacun d’entre nous : La Liberté (d'opinion, d'expression, d'entreprendre, de culte, syndicale...), l'Égalité (des sexes, des chances... devant la loi, le suffrage...), la Fraternité (entraide, sécurité sociale, l'engagement citoyen, la solidarité...), la Laïcité (séparation entre État et Religion, la neutralité dans les lieux publiques), la Démocratie (élection au suffrage universel, débats, représentation politique... ), la République (droit et devoir du citoyens), l'Unité...

Bien évidement, ces valeurs sont universelles, elles ne sont pas propriété d'une seule nation. A l'image de la révolution de 1789, ces valeurs veulent toucher l'humanité, et non pas simplement un morceau de territoire dans le vaste terrain qu'est notre monde.
Derrière ce texte, il n'y aucune volonté de promouvoir le nationalisme ou le patriotisme, j'ai cherché, en célébrant le 14 juillet sous l'angle révolutionnaire à faire réfléchir et méditer sur les valeurs que voulaient rendre immortel les hommes et les femmes de 1789, ces hommes et ses femmes qui ont écrit, qui se sont engagé au cours de l'histoire au nom de l'humanisme. Ce que je veux promouvoir, c'est la fierté de la Liberté, de l'Egalité, de la Fraternité, de la Laïcité mais aussi, pour aller plus loin, de la Démocratie, de la Solidarité, de l'Indignation, de la Paix, de l'Unité...

Sur ce, bonne fête ! Joyeux... 26 Messidor 223 !

mardi 7 juillet 2015

Traité d'intolérance n°3 : "Je m'en fous c'est pas mon problème"



Pour ce troisième numéro de traité d'intolérance, j'ai eu envie de vous offrir une petite lettre ouverte pour parler du "je-m'en-foutisme". Bonne lecture !


Il est coutume de se lamenter sur un monde qui serait de plus en plus individualiste, pour ne pas dire égoïste. Nous le déplorons tout en assumant indirectement que seul les choses qui nous concerne uniquement éveille des inquiétudes.
C'est vrai, lorsque le l'on est hétérosexuel, qu'est qu'on en a à faire des droits LGBT ? Lorsque nous sommes d'une telle communauté, pourquoi se préoccuper de la situation des autres ethnies ? Quand on est homme, à quoi bon s'inquiéter si les femmes ont les mêmes chances que nous ?  Drôle de monde dans lequel nous vivons. Les uns s'insurgent que leur "différence" n'est pas assez respecté tout en méprisant la légitimité d'autres à défendre les leurs. 
Il est bien rare de voir des hommes se réclamer féministes, des hétérosexuels se définir comme gay-friendly ou encore des religieux défendre une autre religion lorsque qu'elle subit les foudres de l'oppression. Il sera difficile pour le cadre de se sentir concerné lorsque que les chômeurs se voient rogner leurs indemnités comme il sera presque impossible de voir une personne politisé défendre la liberté d'expression d'un de ses opposants. 
Tout le monde se réclame pour l'égalité, la liberté et les droits qui vont avec, mais défendent avant tout leur propre particularité alors que le devoir de citoyen devrait de imposer le fait se sentir concerné à chaque fois qu'un de ces droits est mis en danger pour n'importe quel individu.



De pauvres animaux risquent la disparition à cause de l'activité humaine ? Ce n'est pas mon problème ! Que des journalistes soit opprimé essentiellement grâce aux systèmes de surveillance de masse ? A quoi bon, ils sauront se débrouiller ! Les musulmans se sentent opprimé ? Il n'ont cas être exemplaire avant de réclamer quoique ce soit ! Un journal indépendant et sans publicité risque de disparaitre ? Pourquoi je chercherais à le sauver puisque je suis pas amateur de celui-ci mais plutôt de Closer ! 
La liste pourrait être longue et sans fin. Elle pourrait ne jamais se terminer. La plupart des individus ne voient la société qu'à travers de leurs attentes et de leurs inquiétudes sans considérer celle des autres individus. Ce qui est à mon goût, extrêmement dérangeant. 
De mon humble avis, lorsque que nous nous sentons sensible à certaines causes par rapport à une chose qui nous concerne directement (son orientation, son ethnie, sa culture, sa croyance etc...), au nom de l'esprit démocratique et du devoir citoyen, nous devrions rester attentif et vigilant aux revendications des autres qui attendent aussi des droits les concernant.
L'idéal de Liberté et d'Égalité ne peuvent fonctionner que lorsque que nous traitons nos problèmes sans aucun mépris de celui du voisin. Il est tout de même étonnant de se dire que certain osent défendre ses droits tout en manifestant une hostilité aux droits des autres !
La tolérance, comme la liberté ne s'arrêtent que lorsque ceux si n'entravent pas la dignité d'autres personnes, c'est un fait. De plus, il est plutôt logique de partir du principe que lorsque que l'on s'indigne sur les conditions d'une minorité, s'indigner pour toutes formes de discrimination, d'inégalité et d'injustice est un devoir tout aussi important.Bien évidement, si l'on est engagé, il est normal de se concentrer sur un thème qui généralement nous est cher, mais de ce principe, il ne faut jamais oublier ni rester indifférent aux autres combats qui sont à faire !



Et vous, êtes vous indigné universel ? Localisé ou simple résigné intemporel ?