Plus que jamais, le concept de tolérance doit être mis en avant, aussi bien dans notre pays que dans le reste du monde. Toutefois, que doit-on voir derrière ce mot ? Un idéal humaniste ou une vision trop angélique et laxiste de la nature humaine ? De la grandeur intellectuelle ou de la naïveté bien pensante ?
Simplement comprendre autrui ?
Comprenons-nous bien, ce mot représente une valeur bénéfique à tous. Tolérer, c'est comprendre, apprendre et s'enrichir. L'être humain est pluriel et par conséquent, extrêmement complexe, c'est incontestable. Le nier revient à se réduire soi-même, à briser ce qui fait notre propre nature. L'accepter, par contre, renvient à faire un premier pas vers ce que l'on nomme l'ouverture d'esprit.
Nous vivons dans un monde fait de couleurs, de pensées, d'amours, de genres, de croyances, de cultures, de vies infiniment multiples qui provoquent souvent (malheureusement) des tensions, des méfiances et même des haines entre nous. Il n'est pas facile de pouvoir outrepasser les barrières, de transgresser les préjugés ainsi que les simplifications qui animent notre existence. Il faut le reconnaître, la tolérance, c'est d'abord un travail personnel dans un objectif unique, celui d'apprendre à apprécier ce qui n'est pas « nous », ce qui se cache derrière le mot « diversité ».
Chaque être humain est riche de son histoire, de son caractère, de sa vision et de son expérience. Tous hommes se ressemblent, mais chaque être humain est unique, voilà les faits. Vouloir imposer sa norme est, en quelque sorte, une forme de génocide à l'encontre des « autres ».
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Aujourd'hui, dans un pays comme le notre, la tolérance semble être devenu un sujet vue et revue. D'une banalité tellement évidente, qu'en parler revient à verser un flot de paroles dans le néant. Quelle chose malheureuse, quand on sait qu'il y a encore tellement de travail à ce sujet là, ne serait-ce que chez nous, en France.
Les uns haïssent les personnes de confessions musulmanes, les autres s'attaquent aussi bien verbalement que physiquement envers les homosexuels. L'antisémite notoire use des libertés qu'offre internet pour distiller ses théories confuses et hasardeuses tandis que le raciste de base maudit le voisin de couleur sous le prétexte d'une menace imminente, celle « d'un grand remplacement de la race blanche ». Le tout alimenté de fantasmes, de basses généralisations ainsi que d'immondes propos créant deux catégories humaines, l'une dite "supérieure", l'autre faite de "sous-hommes".
Voilà ce à quoi nous faisons encore face, à des haines pleines de mauvaises raisons, à des incompréhensions faite d’ignorance et de stigmatisation, à une vision stéréotypée provoquée généralement par ce que l'on perçoit comme « vrai ».
Mais, à l'époque d'internet, de la connaissance accessible partout et en instantané, qui plut est, dans une société de plus en plus diversifiée et ouverte, comment se fait-il que l'intolérance perdure ? Il suffit de réfléchir seulement quelques minutes, et encore, pour se rendre compte que cela paraît absurde. Pourquoi détester l'autre par sa différence alors qu'individuellement, nous avons tous une "différence" que l'autre peut juger et blâmer en retour ? L'homo sapiens, doté d'une intelligence qui lui a permis de changer le monde et même d'aller dans l'espace, ne serait pas capable de reconnaître que la haine de l'autre ne peut qu'amener à de pernicieuses guerres stériles et sans fin
« La
tolérance n'a jamais excité de guerre civile ; l'intolérance a
couvert la terre de carnage. »
Voltaire
– Traité sur la Tolérance
L'intolérance peut tirer son origine de plusieurs sources, la plus classique est celle de l'ignorance. Certes ! Mais ce n'est pas la seule… En effet, le refus de comprendre l'autre en tant qu'humain est certainement l'une des principales causes. La Tolérance, il est vrai, tire son existence de notre capacité d'empathie ainsi qu'au fait que nous sommes capable de reconnaître en l'autre son humanité.
Tous fait de défauts, il ne nous est pas possible de juger l'autre sous prétexte d'être moins morale, de ne pas être « ce qu'il faut être ». « Qui suis-je pour juger les autres » dit-on désormais pour résumer son humilité et son respect. Après tout, quand on y pense, tous autant que nous sommes, nous appartenons à des minorités...
Sans le savoir, être tolérant c'est défendre la liberté. Cela peut paraître incertain au premier abord, mais lorsque nous laissons les autres vivre tel qu'ils l'entendent, tel qu'ils sont, nous grandissons le concept cher à tout Homme, la Liberté. Tolérer la vie des autres, c'est en retour tolérer sa propre individualité. Où se trouve alors la limite de la tolérance ? Là ou se trouve celle de la liberté. Tant que cela ne porte pas atteinte à autrui, tout est possible. Être intolérant, par effet de ricochet, c'est finalement se réprimer soi-même !
Tous fait de défauts, il ne nous est pas possible de juger l'autre sous prétexte d'être moins morale, de ne pas être « ce qu'il faut être ». « Qui suis-je pour juger les autres » dit-on désormais pour résumer son humilité et son respect. Après tout, quand on y pense, tous autant que nous sommes, nous appartenons à des minorités...
Sans le savoir, être tolérant c'est défendre la liberté. Cela peut paraître incertain au premier abord, mais lorsque nous laissons les autres vivre tel qu'ils l'entendent, tel qu'ils sont, nous grandissons le concept cher à tout Homme, la Liberté. Tolérer la vie des autres, c'est en retour tolérer sa propre individualité. Où se trouve alors la limite de la tolérance ? Là ou se trouve celle de la liberté. Tant que cela ne porte pas atteinte à autrui, tout est possible. Être intolérant, par effet de ricochet, c'est finalement se réprimer soi-même !
Le grand paradoxe : Faut-il tolérer l'intolérance ?
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoV4dQ46ZltDWmtxjkv1P5o8vcYApGQkQ1a33AZ8oNK830NitgJfNbA96LSiDe2-cUwre3e2hPgN5mXTO3fBqQOt5mFZb5BplO2l09grWxyBBmAUdiVvgoXY0U_JkfOF7epovOF6M5T2ZP/s320/268441183_B973370710Z.1_20140819090249_000_G7G2VT4GS.1-0.jpg)
Chacun à sa propre réponse personnelle à cette impasse, et je ne le cache pas, j'ai la mienne aussi. Je considère qu'il est important de combattre l'intolérance, non pas de manière physique, mais idéologique. Laisser progresser les visions plaines d'animosités dans la société sous prétexte de tolérer sans limite l'intolérance, c'est une erreur.
Depuis le début de la civilisation, les hommes se sont toujours battu autour d'idées, c'est le principe du débat qu'impose la diversité humaine. Cela fait partie de sa nature mais aussi de son idéal de liberté. Laisser pouvoir propager l'idéologie même qui empêche la diversité humaine est un non sens total à mes yeux. C'est laisser se répandre le terreaux de la haine, ce venin qui poussent les hommes à faire des guerres, à commettre des crimes qui feront rougir de honte leurs descendants comme nous nous sentons honteux face à l'horreur des camps de la mort, des goulags ou encore la politique raciale de l'apartheid.
Stratégie de domination
L'intolérance ou la volonté d'imposer un modèle unique à suivre témoigne d'une volonté de domination. Dans notre société, ce modèle s'apparente à "l'homme blanc hétérosexuel et de confession catholique marié, avec deux enfants" dans d'autres sociétés, c'est "l'homme hétérosexuel arabe musulman appliquant littéralement le coran". Ceux qui s'en éloigne se retrouve dans la pression d'une domination invisible mais existante. Les femmes, les personnes de couleurs ou de confessions différentes, les allosexuels (englobe toutes personnes non hétérosexuel) doivent systématiquement se battre pour être sur un pied d'égalité. Ils se retrouvent dans un monde où il faut prendre plus de risques et passer plus de temps "au combat" pour atteindre le même degré de liberté que le modèle préétabli.
Les principaux opposants aux changements sociétaux présentent constamment les mêmes arguments. Ils vivent sous la crainte de la disparition du "point de repère" qu'est le "modèle dominant". Ils refusent l'idée qu'il existe diverses formes de familles (hétéro-parentale, homo-parentale, mono-parentale, composé de grands-parents et de leur petits enfants etc...), ils refusent la fin d'un monde où les frontières caractérisent une couleur de peau spécifique ou une ethnie, que le genre ne détermine plus le comportement de chaque individu, que leur voisin n'ait pas la même conception religieuse ou philosophique...
Il arrive même que le concept d'égalité entre les êtres humains ne soit pas compris. Proclamer que tout les Hommes sont égaux n'est pas une négation des réalités physiques (qui présente parfois de fortes disparités entres deux personnes), c'est simplement offrir la possibilité à chacun d'entre nous de construire sa vie tel qu'il l'entend sans être écrasé sous le poids d'un formatage sociétal.
La Haine, violence des faibles d'esprits ?
Détester l'autre, vouloir le modeler pour qu'il corresponde à sa conception de la normalité, c'est, en plus d'être une véritable violence, un manque réel d'intelligence. Chercher à conformer, que ce soit par la force ou non, est d'une absurdité totale. Les êtres humains sont immensément plus grands, plus efficaces, plus utiles en étant eux même ! Pouvoir être ce que l'on veut, c'est un droit fondamental. Encore aujourd'hui, bien que le discours général voudrait appeler à cela, la conception normalisatrice, pour ne pas dire culpabilisante, casse les individus, les broient dans le rouleau compresseur de la norme, laissant la porte ouverte à de multiples formes de dictature, à de véritables massacres humains
En simple et modeste conclusion, je me permettrais juste d'écrier (où plutôt d'écrire avec conviction) : Ne jugeons pas sans comprendre et tolérons ceux qui nous sont différent et l'on se portera bien mieux en plus de s'ouvrir à une nouvelle vision plus coloré de la société.
Merci d'avoir lu en entier cet article qui n'est que le premier chapitre d'une longue série intitulée "Traité d'intolérance". Je répondrai avec plaisir à vos commentaires (n'hésitez pas à réagir et à donner votre point de vue et partager !).
Traité d'intolérance est une série d'articles se basant sur le
concept de tolérance et d'intolérance ainsi qu'aux droits humains. Le but est d'appeler à
l’ouverture d'esprit, au respect de la diversité.
Très bel article complet!
RépondreSupprimerPour moi, il est important de tolérer l'intolérance car plutôt que de rejeter l'intolérant et de lui donner alors une raison supplémentaire de haïr son prochain, cela peut permettre de lui faire découvrir les beautés de l'acceptation d'autrui quelles qu'elles soient. Nous avons tous été intolérants un jour ou l'autre, au moins quand nous étions enfants, et c'est parce que nous n'avons pas été rejetés par les autres que nous nous y sommes intéressés.
Partagez avec les intolérants, faites leur découvrir vos points de vue sans les forcer à s'y soumettre de suite. On ne peut obliger personne à être tolérant mais on peut le faire devenir en lui inculquant les bienfaits, en lui montrant les avantages que cela peut apporter : le partage, la découverte, l'apprentissage, le dépassement de soi (car il est certain qu'apprendre à connaitre, à accepter quelque chose, quelqu'un, qui nous est inconnu, voire qui nous fait peur (oui, la différence peut faire peur) est un acte difficile qui demande des efforts), et plus que tout l'amour de l'autre qui permet de vivre en paix avec les autres certes, mais aussi avec soi-même car accepter les différences d'autrui, c'est un premier pas pour accepter ses propres différences. Ce n'est qu'une liste non exhaustive mais elle donne déjà envie d'aller vers l'autre, non?
Ma vision est peut-être utopique mais je crois tout de même que c'est en allant vers l'autre plutôt qu'à son encontre que la société peut évoluer.
Lorsque je dis "combattre idéologiquement l'intolérance", j'évoque (peut être manière maladroite) aussi cette idée qu'il faut chercher à échanger, à débattre et à convaincre les personnes "intolérance" pour service le vivre ensemble (qui est extrêmement important dans un société offrant la liberté aux individus). Toutefois, et malheureusement, comme je le souligne, il existe les cas où l'intolérant refuse délibérément de comprendre autrui, d'accepter cette différence. Ce qui du coup, doit être combattu idéologiquement (sens qui semble avoir été retenu dans mes propos de cette manière).
SupprimerPS : J'ai mis le mot "combat" qui, je l'avoie évoque une violence (ce qui n'était pas forcément le but recherché). Le sens que je rechercher était plutôt dans l'idée "ne pas laisser faire l'intolérance".