Un drame, les médias s'en emparent. On parle de viols, d'agressions, de meurtres... "Mais que fait la justice ?" se demande le téléspectateur moyen comme si l'on pouvait définitivement stopper tout crime avant son application, tel le film/livre Minority Report.. Rapidement, monsieur tout le monde prononce son jugement avant le juge, il veut... La peine de mort, l'argument ultime contre l'horreur ! C'est, en réalité, un sujet lourd et bien plus compliqué que ne le pense ce monsieur...
Ce n'est jamais assez
Lorsque l'on parle de dommage, de violence et d'horreur, il est pratiquement commun d'entendre que la décision de justice n'est jamais suffisante. Toujours trop laxiste, jamais pas assez sévère. Ce serait une justice qui défend toujours mieux le criminel que la victime ! Peu importe le pays dans lequel on vit.
Au-delà de l'imaginaire collectif, la justice n'existe, tout d'abord, pas pour la vengeance ! Elle est là dans un but précis : c'est un moyen pour l'Etat et la société de permettre à l'individu qui a fauté de se racheter aux yeux de la société et de pouvoir se réinsérer. Voilà ce qui est déjà bien différent !
Il est bien souvent difficile de pouvoir débattre d'un tel sujet, tellement il est compliqué de ne pas se retrancher dans ses idées. Et il va s'en dire, lorsque l'on prêche contre la peine de mort, les partisans du "pour" accusent l'opposant d'être en faveur des meurtriers, des violeurs etc... Or, c'est un point de vue extrêmement machinéen, qui, comme souvent dans ce cas de figure, ne correspond pas à la réalité.
C'est une peine inutile
Au grand dam des amateurs de la "guillotine", cette peine ne remplit pas son rôle principal, qui est celui d'être dissuasif. Elle n'empêche pas les délits comme elle ne dissuadent pas les criminels de les effectuer : "Au Canada par exemple, le nombre d’assassinats a diminué depuis l’abolition de la peine de mort. Aux Etats-Unis, en revanche, il est plus élevé dans les États qui pratiquent l’exécution capitale que dans ceux qui y ont renoncé." écrit Amnesty International. Et pour aller encore dans ce sens, aux Etats-Unis (encore une fois), des Etats, après l'avoir abolit, l'ont réintroduit dans l'espoir de diminuer la criminalité... "Malheureusement" pour eux, celle-ci n'a eu strictement aucun impact sur les statistiques.
La peine de mort n'offre donc pas une bonne alternative crédible à la prison à vie ou à toute autre forme de peine en terme de dissuasion.
La peine de mort n'offre donc pas une bonne alternative crédible à la prison à vie ou à toute autre forme de peine en terme de dissuasion.
Elle est irrévocable et trop arbitraire
La peine de mort tue, cela va de soit. Elle n'offre pas de deuxième chance, ni la possibilité de revenir en arrière en cas d'erreur judiciaire. Chose qui pose sérieusement problème, sachant que la justice ne peut jamais être sûr à 100% de la culpabilité d'un individu impliqué dans une affaire. Comment peut-on mettre fin à une personne lorsque le système qui la condamne est faillible ?
De plus, les statistiques des pays appliquant encore la peine de mort témoignent d'un autre problème : cette condamnation est appliquée le plus souvent de manière arbitraire ! En effet, elle est bien plus prononcée lorsque l'accusée est pauvre (généralement car il a un avocat commis d'office et ne peut se payer le même qu'une personne aisée qui sera défendu bien plus facilement), issus d'une certaine ethnie ou appartient simplement à une minorité du pays en question. De plus, le plus souvent, elle a pour but de satisfaire de manière extrêmement discutable l'opinion publique et donc, en dehors de l'esprit de justice, un désir de vengeance. Il semble contradictoire de punir un crime par un... autre crime. Un véritable paradoxe meurtrier.
"Que dit la loi ? Tu ne tueras pas ! Comment le dit-elle ? En tuant !"
Victor Hugo
Démocratie et peine de mort
![]() |
Victor Hugo : un écrivain engagé contre la peine de mort. |
L'immense majorité des pays démocratiques ont abolit la peine de mort. En dehors des Etats-Unis et du Japon (qui la pratiquent de moins en moins), les démocraties n'appliquent plus ce genre de condamnation. Le plus souvent, elle est utilisée par les pays répressifs comme instrument contre leurs opposants.
Il est, de facto, extrêmement discutable qu'un État puisse appliquer ce genre d'exécution autant qu'il est extrêmement néfaste de décider si un individu à le droit vie ou de mort et cela même s'il ne respecte pas ce principe lui-même (la justice n'est pas une vengeance, et donc pas la loi du talion).
De plus, significativement, le droit international encourage la fin de cette peine quand l'Union-Européenne même l'interdit dans l'ensemble de ses États membres. Dans la déclaration universelle des droits humains de 1948, il est précisé : "Article 3 : Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne." ainsi que "Article 5 : Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants." ce qui entre en contradiction avec cette peine.
Il est, de facto, extrêmement discutable qu'un État puisse appliquer ce genre d'exécution autant qu'il est extrêmement néfaste de décider si un individu à le droit vie ou de mort et cela même s'il ne respecte pas ce principe lui-même (la justice n'est pas une vengeance, et donc pas la loi du talion).
De plus, significativement, le droit international encourage la fin de cette peine quand l'Union-Européenne même l'interdit dans l'ensemble de ses États membres. Dans la déclaration universelle des droits humains de 1948, il est précisé : "Article 3 : Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne." ainsi que "Article 5 : Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants." ce qui entre en contradiction avec cette peine.
Dans le monde, 101 États ont complètement aboli la peine de mort, 33 États l'ont aboli en pratique mais pas dans leur législation et seulement 53 États la maintiennent encore.
Il existe encore un autre argument contre celle-ci, plus subtile. Tandis que la famille des éventuelles victimes est morte de peine et que l'on plaide la peine de mort, il ne faut pas oublier le bourreau. Généralement grand oublié de l'affaire, il n'est pas négligeable de prendre en considération l'effet que son travail à sur sa psychologique. Une tâche ingrate qui ne laisse jamais indifférent celui qui doit la faire. Preuve, certains pays appliquant la peine de mort peinent... tout simplement à trouver le bourreau qui fera le travail sans rechigner...
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Cesare Beccaria : Juriste opposé à la peine capitale. |
Si vous voulez approfondir les arguments contre la peine de mort, je vous conseil les livres et les sites suivant :
- Le dernier jour d'un condamné - Victor Hugo
- L'abolition - Robert Badinter- L'exécution - Robert Badinter
- Les délits et les peines - Cesare Beccaria
- http://www.amnesty.fr/Nos-campagnes/Abolition-de-la-peine-de-mort/Presentation/Cinq-idees-recues-sur-la-peine-de-mort-confrontees-aux-faits
- http://www.acatfrance.fr/peine-de-mort/12-raisons-contre
- http://leplus.nouvelobs.com/contribution/196026-pourquoi-je-suis-contre-la-peine-de-mort.html
- http://www.peinedemort.org/peinedemort.php
- http://www.revoltes.org/arguments-contre-la-peine-de-mort.htm
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