dimanche 9 août 2015

Ecomunication : Richesse et Inégalité.

Donald Reagan (Etats-Unis) et Margarette Teacher (Royaume-Uni)
C'est devenu presque un marronnier pour les journaux économiques et la presse en général : Face à l'actualité, nous parlerons bien des inégalités de richesses.

Mondialisation, Libéralisme et Impôt 

Depuis la crise du pétrole de 1973, le contexte économique s'est retrouvé dans une situation difficile qui s'est traduite avec le temps par l'arrivé du chômage de masse et par le creusement des inégalités économiques entre les citoyens d'un même pays ainsi qu'entre les pays.
L'emplois précaire se démocratise, l'ascension sociale s'amenuise et la croissance économique des pays développés est toujours plus faible et difficile.
De plus en plus d'économistes estiment que nous sommes arrivé, depuis les quarante dernières années, à la fin d'une période exceptionnelle de l'histoire, c'est-à-dire, à la fin d'une période de forte croissance (qui n'était rien d'autre qu'une forme de rattrapage par rapport au niveau de développement des Etats-Unis). Cette dernière, lorsque qu'elle existe, n'arrive même plus à générer une montée du niveau de vie. Conséquence, les classes populaires ont tendance à s'appauvrir tandis que les classes aisées et plus continuent leurs ascensions. 

La part des 1% des plus riches dans l'économie augmente de plus en plus
depuis les années 80. Ainsi, aux Etats-Unis en 2005, les 1% les plus
riches possédaient pratiquement 25% de la richesse totale.
Bien que beaucoup l'ignorent, le creusement des inégalités produit une multitudes d'effets négatifs, aussi bien pour l'économie que pour la cohésion sociale.
En effet, de trop fortes inégalités économiques ont tendance à générer une pauvreté forte d'un coté, et une richesse trop forte de l'autre qui peut même être vu comme toujours plus "arrogante" et déconnecté de la réalité. Résultat, le climat social se tend pendant que la précarité s'intensifie. Ce qui relève, il est vrai, d'un problème avant tout moral.
Mais, il est important de le dire, cela ce traduit aussi économiquement. Si une trop grande part des richesses est "accaparée" par une trop faible part de la population, l'économie s'en retrouve handicapée ! Le système consumériste se reposant sur une masse importante de consommateur, il est important que les classes abritant la plus grande part de la population puisse avoir les moyens financier de consommer. Or, si les classes moyennes et populaires n'ont pas les moyens financiers de soutenir la consommation, cela se traduit par un ralentissement économique toujours plus intenable ! Et voilà que les inégalités crée... Un déséquilibre économique majeur (notons que le principal soucis des entreprises de puis la crise, c'est la faiblesse de leur demande : traduction, leurs carnet de commande sont désespérément vide...)

Par le passé, comme par le présent, la solution principale à ce problème (suffisamment important pour s'en inquiéter) était un niveau d'imposition progressif et la redistribution.  Plus l'on avait de revenu, plus le taux d'imposition augmentait. Ainsi, jusqu'au mandat du président Reagan aux Etats-Unis, le taux de la tranche supérieur allait jusqu'à 90% (Reagan l'abaissera à 50 % en 1981 puis à 28 %) ! En Angleterre, il était de l'ordre de 98% avant l'arrivé de Margaret Teacher au pouvoir (qui souhaitait appliquer le même taux pour toutes les tranches qui fut extrêmement contesté au sein même de son parti politique). En France, ce dernier était de 65% avant l'arrivée de Jacques Chirac comme premier ministre du pays.
Depuis quelques années, il est possible de constater que l'imposition devient, à partir d'un certain niveau de richesse... Dégressif ! C'est à dire que le taux se réduit ! Ce qui relève d'une certaine absurdité.

Suite au triomphe de la pensée économique classique (libéralisme économique) dans les années 80, le taux d'imposition s'est progressivement effondré pour les classes les plus aisées. La théorie du ruissellement (théorie selon laquelle, la richesse des plus riches descend petit à petit vers les plus pauvres : Il faut voir l'image d'une pyramide de coupes de champagne que l'on remplis par le haut) s'est ainsi substituée à la volonté de redistribution des richesses. Cependant, ce changement idéologique promettant la prospérité économique n'a pas réellement fonctionné. Pire, on peut désormais le remettre en cause par la crise de 2007, sonnant le glas du libéralisme sans limite. Les marchés financiers sans barrière, la richesse défiscalisé et la suppression progressives des barrières économiques sont caduc pour la prospérité économique...
Selon le site inégalité.fr, en France "entre 2002 et 2012, le niveau de vie moyen annuel des 10 % les plus pauvres a baissé de - 6,2 %, soit une perte de 531 euros, une fois l’inflation déduite. A l’opposé, celui des 10 % les plus riches a connu une nette augmentation, de 11,8 % soit un gain de 6 060 euros." 
Au Etats-Unis, selon le journal le Monde : "les 3 % les plus riches américains concentrent 30,5 % du revenu total en 2013 contre 27,7 % en 2010, tandis que la part des 90 % les moins riches, elle, a reculé. Par ailleurs, cette catégorie des 3 % les plus riches détient 54,4 % de la richesse globale (revenu plus patrimoine) contre 44,8 % en 1989. A l'autre bout de l'échelle, les 90 % les moins riches ont vu leur part tomber à 24,7 % contre 33,2 % en 1989."
Il est utile de souligner, qu'à l'heure où les disparités économiques s'intensifient, la réponse des gouvernements restent presque inexistantes. Bloqués par la mondialisation des échanges économiques, les pays n'arrivent plus à rétablir un équilibre par une imposition plus progressive et forte, notamment à cause de l'exil fiscal qui en découle. Or, il est tout à fait possible, via la pression diplomatique et l'entente internationale de remédier à cette folle course à la baisse du taux d'imposition aussi bien pour les plus fortunés que pour les grandes entreprises dites "multinationales".

Moins d'impôt, plus de crises

John Kenneth Galbraith
Après la crise de 1929, un économiste du nom de John Kenneth Galbraith établit un lien entre niveau d'imposition des plus riches et les crises économiques. En analysant la crise économique de 1929, il construit sa théorie sur un constat : Lorsque que les plus fortunés sont peu taxés, ils utilisent leur "surplus" de richesse dans la spéculation économique, ce qui, provoque une instabilité des marchés boursier et par conséquent, des crises à répétition. Il conclut donc qu'une imposition suffisante et progressif limite les risques spéculatifs de ces derniers.
Il fustige aussi ce qu'il nomme "l'orgie spéculative" auquel s'abonne le monde financier de l'époque (chose qui reviendra sur les devants de la scène avec la crise financière de 2007 qui plongera de nouveau le monde dans une crise de l'économie réelle).

Un monde dangereusement inégalitaire

Aux Etats-Unis, le creusement est inégalité deviens une véritable inquiétude nationale. Afin de montrer l'ampleur de ce problème, l'économiste (ex ministre de l'économie du président Clinton) Robert Reich développa un documentaire nommé "Inequality for all" (existant en Français sous le nom de "Inégalité pour tous") afin de sensibiliser l'opinion sur l'aggravation des inégalités aux Etats-Unis en soulignant l'enfoncement de la classe moyenne vers le bas.

NB : Documentaire que je recommande de voir absolument !






En France, l'économiste Thomas Piketty, avec son imposant livre "Le capital au XXIème siècle" retrace plus de 200 ans d'histoire d'inégalité économique dans une vingtaine de pays, accentuant toujours un peu plus l'inquiétude quant au creusement entre les classes sociales. 
De plus, il souligne aussi l'ampleur des disparités patrimoniales de ces pays. Ainsi, "au total, les 10 % les plus fortunés détiennent près de la moitié du patrimoine. Leur patrimoine brut (endettement non déduit) moyen vaut 1,2 million d'euros, soit 920 fois celui des 10 % les moins fortunés (1 350 euros)..." selon observationsociete.fr.




Il est important de comprendre que l'impôt sur les riches n'est pas une volonté démagogique ou une jalousie cachée, mais bien une solution pour rééquilibrer l'économie.
En effet, trop de richesses concentrées sur une petite fraction de la population est sources de problèmes aussi bien économiques, politiques et sociales en plus d'être un soucis morale.
Bien évidement qu'il est important que des individus prennent des risques, entreprennent et génèrent des richesses, mais il faut pas oublier que dans une société, les individus sont liées les uns aux autres et que par conséquent, il est important de veiller à ne pas créer trop de disparités au risque de déséquilibrer l'ensemble de la société. Riche comme pauvre, modeste comme aisé, nous contribuons tous à la santé économique d'une manière ou d'une autre. Il est important que ceux qui ont eu l'audace et la chance de réussir acceptent qu'une part de leurs réussites soit redistribuée dans la société sous la forme d'impôt et de réinvestissement public.
L'idéologie de l'individualisme qui imposerait que l'Etat ne devrait pas toucher à l'argent gagné par un sous prétexte qu'il le mérite est stérile quand cet individu a pu, grâce à l'existante d'une société et de ses infrastructures, créer cette richesse. Une bonne redistribution des moyens financiers générés par l'activité est bénéfique pour le bon fonctionnement de la société et de son économie.






De plus, je vous conseil de regarder le documentaire "Inégalité pour tous" de Robert Reich ainsi que de lire le livre de Thomas Piketty "Le capital au XXième" qui est, j'insiste, facile d'accès même pour les novices en économie !
Vous pouvez aussi lire "La crise de 1929" de John Kenneth Galbraith qui est aussi extrêmement enrichissant concernant la spéculation économique.

Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Crise_économique_de_1929
http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/389610/taxez-les-riches-dit-le-fmi
http://www.inegalites.fr/spip.php?article1374
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/09/05/les-inegalites-continuent-de-se-creuser-aux-etats-unis_4482439_3222.html
http://www.observationsociete.fr/les-inégalités-de-patrimoine-en-france
http://www.slate.fr/story/94491/inegalites
https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_fiscalité#Apr.C3.A8s_la_Seconde_Guerre_mondiale.2C_des_fiscalit.C3.A9s_keyn.C3.A9siennes
https://fr.wikipedia.org/wiki/Impôt_progressif#Par_pays
http://www.alternatives-economiques.fr/vers-une-augmentation-des-inegalites-patrimoniales_fr_art_1251_65162.html